En bonne compagnie

Psycho 

Dis Marie, réseaux sociaux et image de soi ça fait quoi ?

Les réseaux sociaux ont pris une telle importance dans nos vies qu'on imagine mal s'en passer. S'ils peuvent être divertissants, instructifs, ils peuvent aussi fragiliser notre confiance en nous. Damien et Lénah, tous deux étudiants, en ont discuté avec Marie Segat, psychologue clinicienne.

Damien : C'est quoi l'image de soi ? 🤔


Marie : L'image de soi, c'est l'ensemble des jugements, pensées et idées que j'ai à propos de moi, de mon corps. Cette représentation commence à s'élaborer dès la toute petite enfance.

L'image que j'ai de moi est influencée par mon entourage familial, mes proches, les expériences que je vais vivre et également...les réseaux sociaux !

Lénah : Penses-tu que les réseaux sociaux influencent vraiment la façon dont on se voit ? 👀

Marie : Instagram, Snapchat ou TikTok nous invitent à mettre en scène notre image, en utilisant des filtres, en reproduisant des chorégraphies, en créant des memes, etc.

Certaines personnes vont pouvoir jouer avec ces codes, sans les prendre au sérieux. Le filtre, par exemple, devient alors un accessoire avec lequel je peux m'amuser, comme avec un vêtement ou un maquillage.

Si, lorsque je retire ces "accessoires", je ne vois que mes défauts (du moins ceux que j'imagine) et que cela devient une source de mal-être, alors oui les réseaux sociaux peuvent influencer négativement la façon dont je me vois.

Lénah : On voit des publications qui mettent en avant l'idée d'accepter son corps tel qu'il est, du coup c'est plutôt positif non ? 🙌

Marie : C'est vrai qu'on a vu apparaître il y a quelques années, notamment sur Instagram, un mouvement qui a été appelé le "body positive". Ce mouvement a mis en avant l'acceptation et la reconnaissance de tous les types de corps (très rond, très grand, très petit, etc.). Bienveillant et inclusif au départ, il se traduisait par l'idée qu'il n'y a pas UN modèle unique de "joli corps" mais que TOUS les corps sont beaux, à commencer par le sien.

Aujourd'hui, ce mouvement a été récupéré comme argument marketing et vidé de son sens premier en étant utilisé par des personnes aux mensurations "normales".

De plus, même si je me compare à des corps "hors normes" je peux me dévaloriser. Je vais par exemple penser que cette personne arrive à s'accepter telle qu'elle est et pas moi. La souffrance née ici du fait de se comparer sans cesse et de vouloir ressembler à quelqu'un d'autre que soi.

Le corps change tout le temps alors qu'on voudrait qu'il reste tout le temps le même. Au réveil par exemple, nous mesurons à peu près 2 centimètres de plus qu’au moment du coucher !

Damien : As-tu des conseils à donner pour avoir une bonne image de soi ? 👌

Marie : En tant que psychologue j'invite les personnes qui ont une mauvaise image d'elle-même à s'interroger sur les raisons qui les amènent à se critiquer sans cesse, parfois même sans s'en rendre compte. Il s'agit de déconstruire les idées qu'on a sur soi et de ne pas trop y croire.

Il me semble intéressant d'essayer prendre de la distance par rapport à son image. Certains choisissent de s'en amuser, comme le fait la comédienne Celeste Barber sur son compte Instagram. Elle recrée, depuis 2013, les photos people qui font le buzz en se moquant des poses et des mises en scène des célébrités. C'est hilarant et  décomplexant !